Gestion des émotions

Le quotidien, et même celui d’un tout petit enfant, peut être rempli de joie, de petites ou de grandes contrariétés, de désir non assouvis, de colère…

Résultat de recherche d'images pour "dessin enfant dans la cour qui se fâche"Colère sur la cour : « Elle ne veut pas me prêter le vélo ! ». Désir non assouvi : « J’ai envie de jouer avec elle, et elle ne veut pas ! ». Joie : « Regarde, j’ai réussi ! ». Contrariété : « Arthur, il ne m’a pas invité à son anniversaire… ».

Comment faire pour que nos petits élèves ne se laissent pas envahir par tout cela, et « entrent » sereinement dans les apprentissages ?

Une formation à la gestion des émotions suivie il y a quelques années à l’ISFEC de Rennes m’a beaucoup appris. Voici ce que j’en ai retenu et ce que j’ai transposé.

1er point : distinguer émotion et ressenti. Une émotion dure très peu de temps, elle est forte. Un ressenti est un « ressassement » d’une idée, autour de laquelle l’enfant « tricote ». Exemple : l’enfant qui tape un autre enfant, parce qu’il lui a « piqué » son vélo, ressent une émotion (la colère). Un autre enfant qui pleure en expliquant qu’il pense qu’un camarade a dit du mal de lui, exprime un ressenti. La réalité est évident plus nuancée que ces deux exemples, et c’est l’observation, la connaissance du contexte, des enfants, qui permet de mieux cerner la nature du trouble.

=> Une émotion : a besoin d’être reconnue, exprimée, pour que l’enfant s’en libère puis se mette au travail. Dans ce cas, on aide l’enfant à formuler, pour apaiser, avant de s’engager dans le travail.

=> Un ressenti : sera soulagé en mettant directement l’enfant au travail (il portera ses pensées sur autre chose, et le ressenti s’apaisera). Dans ce cas, pas de blabla, il faut enchaîner !

2ème point : reconnaître une émotion, la nommer, nécessite intériorité et sincérité. Demander aux enfants de s’exprimer suppose donc que l’on respecte et que l’on fait respecter la parole de chacun. Cet état de fait, l’écoute avec empathie de chacun pour autrui, ne s’instaure pas en un jour. Mais cette intention, lorsqu’elle porte ses fruits, est réellement un facteur de bien-être en classe. La formation suivie m’a aussi appris à reconnaître l’émotion qui en cache une autre : l’enfant qui pleure, pour susciter (inconsciemment) une attention (alors qu’il a pu, quelques minutes auparavant, dire du mal d’un camarade). Là encore, pas de recette miracle… mais un grand sens de l’observation est nécessaire.

3ème point : aborder l’émotion par un album, est à la fois simple et efficace. Pour ma classe, je travaille une émotion par période. Mais une collègue travaille toutes les émotions sur une seule période, en début d’année. Faites comme vous le sentez !

Pour finir, et pour partager, voici une liste d’albums que j’utilise, par émotion travaillée : 

  • peur :
    •  « Le cauchemar de poche », Jean-Luc Englebert, Pastel Editions (C’est un classique…)
    • « La petite fille qui avait peur de tout », de Aurora Cacciapuoti, éditions Grasset (Tout simplement formidable !)
  • joie :
    • « Petit bleu, petit jaune »
    • son contraire, la tristesse : « Tristesse » de Lotta Olsson et Emma Adbage,aux éditions Cambourakis. (Pour les élèves de cycle 1 et même plus grands, car les illustrations « parlent » d’elles-mêmes).
  • colère : « Grosse colère », Mireille d’Alencé
  • amitié : « Loup Noir », Antoine Guillopé, Editions : les albums Duculot
  • se sentir différent (même si ce n’est pas une émotion, mais un ressenti, je fais de choix de travailler sur ce thème car il me semble très important pour les élèves) :
    • « Le Loup vert », de René Gouichoux et Eric Basté, aux éditions Bayard jeunesse- Les belles histoires (Indémodable, lui aussi !)
    • « Blaireau broie du noir » de Huw Lewis Jones et Be Sanders, aux éditions Milan

Et pour finir, un titre pour évoquer le fait d’avoir des soucis : « La pelote des soucis » de Marine Gérald et Mandana Sadat,aux éditions Bayard jeunesse, Les belles histoires des petits.

Procédure :

1 – lecture de l’album. Après 2 ou 3 lectures, je demande aux élèves de se « mettre à la place de », du personnage principal, pour essayer de percevoir ce qu’il ressent.

2 – échanges : que ressent le personnage ? Les mots arrivent, de plus en plus précis. Puis nous détaillons, autour de l’émotion que je souhaite travailler.

3 – les élèves peuvent dire s’ils ont ressenti cette émotion, et surtout à quelle occasion. Ceux qui veulent racontent.

4 – les élèves dessinent une situation dans laquelle ils ont ressenti l’émotion, et la décrivent (en dictée à l’adulte si besoin).

5 – pour terminer, nous réfléchissons à : ce que l’on ressent dans son corps quand cette émotion arrive (on mime, je prends des photos pour l’affichage), ce qui fait du bien pour apaiser (dictée à l’adulte). Et ce qu’il faut éviter de faire (par exemple : taper !).

6 – Prolongement : dessiner un visage d’une personnage qui ressent l’émotion, ou faire une représentation d’une situation dans laquelle on a ressenti l’émotion, avec dictée à l’adulte ou production d’écrit individuelle.

Quelques outils dénichés pour vous :

1 – Un lien pour un blog passionnant avec beaucoup d’outils : https://educationspecialisee.ca/emotions/

2- Une liste de mots et expressions dénichés sur internet, assez exhaustive :

Scan jpeg liste mots pour travail sur les émotions

3 – Une liste d’albums pour approcher chaque type d’émotion, par thème :

liste ouvrages pour gestion émotions

4 – un site qui propose des pictogrammes simples :

https://www.schoolplaten.com/kleurplaten-pictogrammen-gevoelens-en-gedrag-c493.html

Bonne mise en pratique !
Et merci pour vos retours ou questions si vous le souhaitez.

Florence

PS : un grand merci à la médiathèque de la commune dans laquelle je travaille pour la réflexion partagée autour du choix des albums, ainsi qu’à la librairie « La cabane à lire », de Bruz, pour ses formidables conseils.